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Le brochet
La gueule de l'emploi

PHOTO H. CHAUMETON / NATURE
FAMILLE
Ésocidés

NOM LATIN
Esox lucius

NOMS FAMILIERS
Bec, bec de canard, brouché, grandgousier, luceau, pogneau

L’INTÉRÊT DE SA PÊCHE
C'est le roi des poissons carnassiers, le plus vigoureux au bout d'une ligne.
Pour protéger sa reproduction, sa pêche est fermée de février à mai et fait l’objet d’une taille légale de capture : 50 cm minimum.

Ce chasseur à l'affût est un maître dans l'art du camouflage : son corps très fuselé, vert-brun avec des vermicules jaunâtres (taches en forme de vers) et de multiples variations de teinte selon le milieu, se dissimule parfaitement dans les herbiers. Sa tête plate lui vaut son surnom de "bec de canard" ; elle est trouée dessus et dessous de pores céphaliques, grâce
auxquels il se repère dans l'espace et localise ses proies.
Ses flancs sont tachetés et son ventre blanc nacré. A l'arrière, il est équipé de puissantes nageoires propulsives qui en font un redoutable sprinter.
Un brochet adulte mesure en moyenne 50 centimètres à 1 mètre pour 2 à 10 kilos, mais les brochets de 1,20 mètre et plus sont un rêve de pêcheur encore accessible. De rares spécimens dépassent 1,30 mètre et 25 kilos.

Répartition et habitat
Présent dans toute la France, il est plus abondant au nord de la Loire, et ses populations décroissent à mesure qu'on va vers le sud. Il affectionne les zones riches en végétation des rivières, des étangs, des canaux et des lacs (où se prennent les plus gros sujets). Il lui faut aussi des eaux assez limpides car le brochet souffre beaucoup de la turbidité (matières en suspension).


PHOTO LUTRA

Reproduction
En fin d'hiver-début de printemps, sur les prairies inondées où l'eau est peu profonde, la femelle dépose 10 000 à 20 000 œufs par kilo de son poids. Ils se collent aux herbes (en général, des graminées). Après éclosion, les larves y restent fixées par la tête, au moyen d'une papille adhésive. Les alevins se nourrissent de zooplancton, puis de petits invertébrés, enfin d'alevins de poissons blancs. Si la nourriture vient à manquer, lorsqu'ils atteignent 5 à 8 centimètres, il est fréquent que les jeunes brochets s'entredévorent. c’est le phénomène de cannibalisme.

Alimentation
La gueule du brochet est tapissée de quelque 700 dents dirigées vers l'arrière. Son attaque se déroule toujours de la même façon : il capture sa proie par le travers puis la retourne et l'avale tête la première.
Il est piscivore - les poissons blancs sont ses proies favorites - mais il lui arrive aussi de consommer des vers, des crustacés, des grenouilles et, plus rarement, des petits rongeurs et des canetons.
Contrairement à sa légende, son appétit n'est pas gargantuesque : il ne mange qu'à sa faim, et digère lentement. Les gros sujets âgés, mangent peu par rapport à leur poids.

Reconquérir ses frayères
En matière d'habitat, le brochet est un poisson exigeant. Pour frayer, il lui faut la végétation herbacée, recouverte par l'eau des crues, des bras morts, des prés, des marais, des rives des plans d'eau. Or la canalisation des rivières, le drainage des zones humides, l'extraction de graviers dans le lit des cours d'eau, la construction de barrages ont mis à sec un grand nombre de frayères. Leur restauration est à l'ordre du jour.


PHOTO YVES LANCEAU

Le brochet est un chasseur à l’affût, qui ne se jette pas sur tout ce qui bouge mais choisit ses proies.
Il les repère grâce notamment à ses pores céphaliques, visibles ici sous sa gueule, et qui lui servent aussi à se repèrer dans l’espace.